New Tang Dynasty Television

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
New Tang Dynasty
Caractéristiques
Création
Décembre 2001
Propriétaire
Epoch Media Group (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Langue
Pays
Siège social
New York
Site web
Diffusion
Satellite
Hot Bird 8 (Europe)
10971 H 27500 3/4
IPTV
Bouygues Telecom : 704
Free : 799
Orange : 548
SFR : 725
Web
Aire
Amérique, Asie, Australie, Europe
Diffusion
Satellite, ADSL, Web

New Tang Dynasty (NTD) est une chaîne de télévision ayant son siège à New York. Créée en 2001 sous le sigle NTDTV en tant que chaîne de langue chinoise par des pratiquants du Falun Gong ayant émigré en Occident[1], elle a depuis étendu son offre à d'autres langues et s'affiche depuis la mi-2010 sous le sigle NTD. Son contenu éditorial reste centré sur la Chine continentale et couvre fréquemment des sujets censurés tels que les droits de l'homme et la démocratie. La chaîne est accusée d'être liée au Falun Gong, mouvement interdit en Chine[2],[3],[4].

Au début des années 2020, le média migre vers la publication de contenus destinés à l’extrême droite complotiste.

Histoire[modifier | modifier le code]

NTD a été fondée à New York en 2001 par des pratiquants de Falun Gong ayant émigré en Occident. D'abord chaîne d'information de langue chinoise, elle a depuis élargi sa diffusion pour inclure des émissions en anglais, espagnol, japonais, français, russe, perse, hébreu et plusieurs autres langues.

NTD a commencé la diffusion par satellite en Amérique du Nord en et en Chine continentale en . À l'heure actuelle, la couverture par satellite de la chaîne atteint l'Amérique du Nord, l'Asie, l'Europe et l'Océanie, en plusieurs langues.

En , Reporters sans frontières (RSF) a accusé Eutelsat d'avoir abusivement interrompu la diffusion de NTD par son satellite W5, afin d'apaiser le gouvernement chinois. Selon RSF, « la suspension de NTDTV, une chaîne qui dérange le gouvernement de Pékin car elle peut être reçue librement par des dizaines de millions de foyers chinois, apparaît comme une faveur d'Eutelsat pour obtenir de nouveaux marchés[5] ». RSF a déclaré qu'ils étaient en possession d'un enregistrement d'une conversation avec un employé d'Eutelsat à Pékin confirmant les allégations[6]. Eutelsat a affirmé que l'arrêt était dû à une défaillance technique[7]. Le , la Cour d'appel de Paris a ordonné une mesure d’expertise visant à définir si oui ou non il y a eu coupure intentionnelle de NTD par Eutelsat[6].

En , lors de la visite du président Hu Jintao au Canada, le cabinet du Premier ministre canadien a annulé une conférence de presse à laquelle NTD devait participer afin que Hu Jintao ne soit pas en contact avec les journalistes de la chaîne, à la demande du consulat chinois. Selon le Toronto Star, ces conférences de presse sont courantes pour les dirigeants étrangers en visite au Parlement, et l'annulation a été considérée comme une mesure extraordinaire pour maintenir NTD éloignée du président chinois[8].

Buts[modifier | modifier le code]

Dans une interview accordée au Wall Street Journal, le président de la chaîne, Zhong Lee, a déclaré que l'objectif initial de l'entreprise était de s'élever contre la persécution par le gouvernement chinois, mais qu'elle « peut aussi jouer un rôle important dans la promotion de la démocratie en Chine »[9].

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

L'activité de la chaîne est assurée par quatre-vingt personnes[10].

Selon Benjamin Penny, NTD a fait l'objet de controverses en raison de ses liens avec le Falun Gong car, tout comme The Epoch Times, elle se défend d'être sous l'autorité de ce mouvement ou d'en être la propriété[11].

Financement[modifier | modifier le code]

NTD affirme que son financement est essentiellement basé sur des dons individuels[9]. En 2009, ses revenus se sont élevés à 5,3 millions de dollars[10]. Comme les autres chaînes privées, la publicité participe aussi aux rentrées d'argent de la chaîne.

Diffusion[modifier | modifier le code]

NTD est diffusée sur le câble, l'ADSL, le satellite et le Web. Les émissions de la chaîne sont vues chaque année par plusieurs dizaines de millions de personnes. La chaîne est diffusée sur le câble aux États-Unis[12]. En France, elle est diffusée dans les bouquets ADSL de Bouygues, Free et SFR. La couverture par satellite de la chaine comprend l'Amérique du Nord, l'Asie, l'Europe et l'Océanie. En Asie, notamment en Chine continentale, la diffusion par satellite est assurée par l'opérateur taïwanais Chunghwa Telecom, malgré les tentatives de blocage de Pékin[13]. NTD estime qu'un million de personnes de Chine continentale contournent chaque mois le Grand Firewall de Chine pour accéder au site web de la chaîne[10].

Contenu[modifier | modifier le code]

Une journaliste de NTD à l'Académie royale de Stockholm, en Suède, à l'annonce du prix Nobel de littérature de Mo Yan en 2012.

L'offre de NTD comprend non seulement des journaux d'informations, des analyses, mais aussi des divertissements, des émissions sur l'art et la culture, le sport, les voyages, la santé, la vie quotidienne, la société et des émissions pour les plus jeunes.

NTD fournit des informations sur la Chine et en particulier sur la question des droits de l'homme et adopte souvent une position critique sur les abus de pouvoir du Parti communiste chinois[10].

De la couverture de l'information au complotisme[modifier | modifier le code]

La ligne éditoriale critique de NTD vis-à-vis des atteintes aux droits de l'homme en Chine provoque régulièrement de vives réactions de la part de la République populaire de Chine et de ses ambassades à l'étranger[14].

NTD était réputée fiable en 2005, selon la Fédération internationale des journalistes, pour « sa couverture adéquate et objective de sujets politiques, économiques et culturels en chinois »[15]. Elle a par exemple annoncé l'épidémie de SRAS en 2003, trois semaines avant que le gouvernement chinois n'admette publiquement l'existence de l'épidémie[16]. Selon Jason Q. Ng, si le journalisme de NTD (et de The Epoch Times) est de qualité, le choix des sujets, en 2013 le traitement des questions relatives à la Chine continentale relèvent d'un parti pris fortement marqué contre le parti communiste et suscitent le scepticisme[17].

En 2021, le média migre vers la publication de contenus destinés aux anti-vaccins, aux covidosceptiques et à l’extrême droite et complotiste[18].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Falun Gong Fields Media Weapons », Wall Street Journal,
  2. (en) Cindy Hing-Yuk Wong, Chinese Satellite Television, in Ying-Zhu, Chris Berry (eds.), TV China, Indiana University Press, 2009, pp. 201-220 : « Based in New York City, NTDTV, in turn, continually faces accusations of affiliation with Falun Gong, whose activities are anathema to the mainland government. »
  3. (en) Lauren Gorfinkel, Chinese Television and National Identity Construction, Routledge, 2011 : « New Tang Dynasty Television (a New York-based anti-CCP media outlet that is associated with the Falun Gong, outlawed in mainland China) ».
  4. (en) Eugene V. Gallagher, W. Michael Ashcraft, Introduction to New and Alternative Religions in America, Greenwood Publishing Group, 2006, p. 175 : « By 2004 Falun Gong practitioners appeared to be behind a newspaper group called The Epoch Times as well as the New Tang Dynasty Television ».
  5. Laura Marzouk, « Eutelsat stoppe la diffusion en Chine d'une chaîne de télévision indépendante », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b Thomas Dusseau, « Quand le bouquet Eutelsat fait une fleur à Pékin », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Eutelsat réaffirme auprès des institutions européennes le caractère irréversible et purement technique de la panne ayant entraîné l’interruption de ses services de télédiffusion vers le grand public sur le satellite W5 », Eutelsat, (consulté le )
  8. (en) Susan Delacourt, « Harper helps Hu keep critics away », Toronto Star,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. a et b (en) Kathy Chen, « Chinese Dissidents Take On Beijing Via Media Empire », sur The Wall Street Journal, (consulté le )
  10. a b c et d (en) Daniel Trotta, « TV channel trying to change China from New York », Reuters, (consulté le ).
  11. (en) Benjamin Penny, Falun Gong in Song and Dance, in Windy Smith et al. (eds), Globalizing Asian Religions: Management and Marketing, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2018, sous-chapitre Falun Gong websites and media (pp. 120-136), notamment pp. 123-124 : « The Epoch Times has been widely distributed internationally, and has been subject to some controversy over its links to Falun Gong, as has New Tang Dynasty, since neither of these ventures acknowledges Falun Gong control or ownership. »
  12. (en) « New Tang Dynasty TV Grows With EURO World Network », PRWeb, (consulté le )
  13. « Chunghwa Telecom continuera d’assurer la diffusion de New Tang Dynasty Asia Pacific », Reporters sans frontières, (consulté le ) .
  14. « La chaîne de télévision en chinois NTDTV harcelée par Pékin », Reporters sans frontières, (consulté le ).
  15. « La FIJ condamne l’interdiction par Eutelsat d’une télévision chinoise: « censure et lâche abandon des principes » », Fédération Internationale des Journalistes, (consulté le ) : « New Tang Dynasty TV (NTDTV) a été fondée en 2001 et a gagné une réputation mondiale pour sa couverture adéquate et objective de sujets politiques, économiques et culturels en chinois. »
  16. « Question écrite n° 4-2925 », Sénat de Belgique, (consulté le ) : « L'émetteur de télévision non marchand New Tang Dynasty Television (NTDTV), le seul émetteur indépendant émettant en chinois vers la Chine depuis 2004, tente d'informer les citoyens chinois de manière non censurée concernant des sujets dont le gouvernement chinois veut les priver, comme les droits de l'homme et les dossiers environnementaux. Ainsi, NTDTV a diffusé des informations au sujet de l'apparition du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en Chine, trois semaines avant que les autorités chinoises n'en reconnaissent l'existence. »
  17. (en) Jason Q. Ng, Blocked on Weibo: What gets Suppressed on China's Version of Twitter (And Why), New Press, 2013, p. 127 : « Though the Epoch Times and NTD both perform valuable reporting, the stories chosen and the coverage provided on mainland issues are heavily biased against the Communist Party and thus should be viewed skeptically. »
  18. « Epoch Times, NTD... Des sites complotistes pilotés par une «secte» chinoise ultraconservatrice », Le Parisien, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]